Fringe : un final époustouflant avec des réponses dedans [spoilers]

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5.0

Critique du double épisode final de Fringe. La série fait-elle ses adieux de manière mémorable ?

Chaque grande série de genre a toujours une fin très attendue et souvent controversée : les téléspectateurs peuvent être profondément divisés autour des orientations finales. Est-ce que Fringe a pu échapper à cette règle ? Au vu du double épisode final, Liberty et Enemy of the Fate, on se dit qu’une division aussi nette de la fanbase est beaucoup moins probable, même si certains y trouveront forcément à redire sur tel ou tel point.

Un final où les principales questions de la série sont résolues, sans aucune ambiguïté, tandis qu’un véritable hommage est rendu à tout ce qui s’est déroulé pendant cinq années. On regrette seulement l’absence de caméo de Leonard Nimoy.

Conclusion des arcs

Ici, il n’est point question de laisser en suspens quoi que ce soit, avec l’espoir que peut-être un jour on reverra les personnages à l’écran. La relation entre Walter et Peter, l’une des plus étranges relations père-fils de l’univers télévisuel, est aussi la plus émouvante, après qu’ils se soient perdus, retrouvés, reperdus et finalement retrouvés à nouveau. Walter est de nouveau, au fur et à mesure de ces treize épisodes finaux, dans l’équilibre qui était le sien lors de la troisième saison. On a ici un Walter heureux, aimé par son fils. Si son sacrifice était nécessaire en termes de rédemption, la clôture de leur relation les montre à l’opposé de ce qui était leur rapport aux débuts de la série, sans compter le moment où Peter prenait le parti de Walternate contre Walter. Le « I love you Dad » de Peter, prononcé deux fois, souligne combien Fringe, c’est avant tout l’histoire d’amour entre un père et un fils, relation à laquelle s’ajoute Olivia. Et c’est ce qui explique le relatif retrait d’Astrid qui n’a pas été au cœur d’un épisode cette saison, et les absences de Broyles et Nina. Quant à la mort d’Etta elle était temporaire mais nécessaire pour donner encore plus de sens à la conclusion, à ce happy ending. La saison 5, courte de 13 épisodes, s’est concentrée sur l’essentiel. Le téléspectateur a même eu droit à un dernier trip sous acides de Walter avec la fée bleu.

Nouveau regard sur la mythologie des Observateurs

Mais venons-en à la mythologie de Fringe. Le dialogue entre December et September porte un autre regard sur l’ensemble de la série, expliquant que l’équipe originale des Observateurs n’était composée que de douze personnes, appelés chacun selon un mois de l’année, qui ignoraient qu’ils avaient été envoyés dans le passé en prévision d’une invasion. On propose même un nouveau regard sur August, l’Observateur tombé amoureux pendant la saison 2. Si la réinterprétation de «The boy must live » avait peu convaincu la semaine dernière, la nouvelle perspective sur la série prend sens. Et September est celui qui au final a sauvé la Terre : en distrayant Walternate, il force Walter à agir pour sauver le fils de ce dernier après l’avoir kidnappé. Et c’est cette décision qui, 50 ans plus tard, aboutit à l’échec de l’invasion.

Retour sur 5 ans de phénomènes

La cinquième saison de Fringe, véritable conclusion de la série, réussit à lier toutes les intrigues. Il faut d’abord saluer le travail et toutes les références faites aux quatre saisons précédentes. Le retour des évènements Fringe utilisés par l’équipe dans le cadre de leur lutte contre les Observateurs avait quelque chose d’exaltant : alors qu’on était effrayés par ces phénomènes lors de leur apparition et quand ils étaient entre les mains de David Robert Jones, on a pris du plaisir à voir les Observateurs et les Loyalistes en être des victimes. Et voir Walter s’amuser à faire flotter dans l’air le corps d’un Observateur « parce que c’est cool » montre que ce sentiment est partagé des deux côtés de l’écran. Le retour de la vache Gene, prisonnière de l’ambre, répond aussi à la question anecdotique sur son devenir qu’on se posait en début de saison. On supposait qu’elle était quelque part dans l’ambre, on en a la confirmation.

Retour de Fauxlivia et Lincoln Lee

Il faut saluer la réintroduction de Fauxlivia et Lincoln Lee, resté de l’autre côté. Si on supposait une fin heureuse entre eux, c’est le cas. La réintroduction de l’univers parallèle dans ce final n’est d’ailleurs pas un simple coucou fait pour le fanservice : cette étape a un rôle crucial dans la conclusion et la mort du Capitaine Windmark. Joel Wyman n’a pas choisi de faire enfermer Michael sur l’île de Liberty Island juste pour le plaisir de faire passer Olivia par l’autre côté. Le cortexophane encore présent dans son organisme est ce qui lui permet de se débarrasser du Capitaine Windmark une bonne fois pour toutes. Autrement dit, Fringe a réussi à satisfaire les fans en faisant réapparaître deux personnages chéris du public sans rien sacrifier à son intrigue qui en était renforcée. Tout le monde n’est pas capable de faire du fanservice utile et intelligent. Et pourtant dans ce final, Joel Wyman y arrive haut la main.

Happy ending

On apprécie aussi la manière dont on a évité un reboot total de la série : les Observateurs n’ont pas été totalement éradiqués de l’histoire, car sinon Walternate n’aurait jamais été distrait dans son laboratoire en 1985 et Walter ne serait jamais allé sauver Peter. Toute la série aurait été annulée. Au contraire, le postulat final est clair : la première équipe d’Observateurs aura toujours visité l’histoire humaine mais leurs chefs n’auront jamais cherché à envahir notre époque, dotés désormais de sentiments. En guise de conclusion, on se trouve dans le parc de la première scène de la saison, où on voit Peter, Olivia et Etta. Cette fois, rien ne se passe. Puis Peter reçoit la tulipe blanche de son père, signe d’espoir et de pardon.

L’apport du sens

La cinquième saison de Fringe a eu beaucoup de hauts, aidée par le jeu d’acteur de John Noble qui est snobé par les Emmys depuis le début de la série et n’a pourtant rien à envier à Bryan Cranston ou Damien Lewis, mais aussi quelques bas. La phase durant laquelle Peter s’était greffé l’appareil observateur avant de le retirer a paru inutile à beaucoup. Mais il faudra, avec le recul, revoir l’ensemble de la série avec la perspective finale en tête, à savoir que cette tentation de la vengeance pure et froide n’était que la première étape de l’acceptation de son deuil (au final temporaire). Le plan de Joel Wyman prend alors sens. Avec ce final, les scénaristes et showrunners offrent une conclusion qui ne se moque pas des téléspectateurs, résout toutes les intrigues, fait du fanservice avec un équilibre que peu de séries arrivent à atteindre dans leurs épisodes finaux. On peut dire que les fans de Fringe seront beaucoup moins frustrés que ceux de Lost, X-Files ou même de Battlestar Galactica, dont les finals ont beaucoup déçu.

Crédits photo ©Fox

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